Opinion : Le projet de constitution apprécié diversement
Il n’y a aucun suspens : la résolution validant le projet constitutionnel sera machinalement adopté par une grande majorité des conseillers. Objectivement, il ne peut en être autrement sans préjuger des qualités indéniables propres à certains membres du CNT.
Une poignée de conseillers téméraires votera contre le projet par principe et par acquis de conscience eu égard à l’insincerité flagrante du processus transitionnel en cours. Ces conseillers réfractaires seront alors traités de « traîtres », de « divisionnistes » ou de « jaloux » comme si ces qualificatifs suffisaient à masquer ou à déformer l’implacable réalité qui s’offre à tous.
Pourtant, les authentiques traîtres et vrais divisonnistes sont ceux qui sont incapables de dire et de convaincre les décideurs que le chemin emprunté paraît faussement confortable sur le court-terme mais réellement disruptif pour le pays sur les moyen et long termes. Qu’il soit bien compris qu’à ce stade du processus, le débat ne porte pas sur qui est pour la décentralisation et qui est pour la fédération.
Le debat ne porte pas non plus sur qui est avec le Gouvernement, et qui est contre. Le débat ne porte pas enfin sur qui a participé au DNIS et qui l’a boycotté. Pour le moment, le vrai debat porte uniquement sur le choix des exigences de transparence, de confiance et d’inclusivité comme socle à la réfondation qui n’est credible qu’avec des actes et non avec de la rhétorique hypocrite.
Malheureusement, une nouvelle fois donc, le virage constitutionnel est en train d’être mal négocié par cette sorte de roulette russe exécutée avec un revolver au barillet entièrement approvisionné. En effet, dans ces conditions, quelle que soit l’issue du référendum, les fractures ne seront que plus grandes et la Transition n’aura servi qu’à cela.
Une nouvelle fois aussi, tôt ou tard, la scoumoune « constitutionnelle » pourrait affecter notre pays comme elle l’a historiquement fait sous beaucoup d’autres cieux qui avaient commis l’erreur fatale de la négliger par un excès de confiance hypertrophié par des laudateurs inconséquents. La 4ème République a indirectement contribué à la mort du Maréchal, que la 5ème République en gestation ne sonne pas le glas du Tchad !
Prenons le temps de bien ficeler les fondements du contrat social dont la future Constitution en est la matérialisation juridique. C’est là un vœu pieux, j’en conviens.
Il n’empêche qu’entre ceux qui continuent de foncer tête baissée et ceux qui se fichent de ce qui se trame, nous faisons le choix, à ce stade, d’alerter et de dénoncer, que cela plaise ou que cela déplaise : La transition qui est censée mieux aiguiller notre pays nous engage, par ces subterfuges, dans une voie sans issue avec une CONOREC partisane, un opérateur technique coopté, un référendum dénaturé et un recours aux kits électroniques déjà enterré en depit des soit-disant instructions présidentielles annoncées. Se taire face à une telle supercherie, c’est faire la politique de l’autruche et trahir sa conscience, sa patrie et ses dirigeants.
Allah khalib. Pause. ASF