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Santé-VIH-sida: « il y a beaucoup à faire au niveau du Tchad surtout que les nouvelles infections se trouvent dans la jeunesse », Dr Françoise Ndayishimiyé

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Dans une interview accordée à la rédaction de Tropical Info, la Directrice pays, Représentante de l’Onusida Tchad, Dr Françoise Ndayishimiyé indique que quatre provinces restent très touchées par le VIH/sida. Malgré les efforts du gouvernement et de ses partenaires la lutte contre les inégalités dans la réponse au VIH reste un défi pour l’objectif 2030.


TI : Madame la Directrice pays, Représentante de l’Onusida Tchad, quelle est la situation du VIH/SIDA au Tchad ?


Merci pour cette question. La situation du VIH au Tchad comme dans la plupart des pays africains, nous sommes déjà très avancés en termes de réponse. Mais j’aimerai aussi dire que le Sida n’est pas derrière nous. La séroprévalence actuelle du VIH au Tchad est de 1,1%, toutefois nous savons que les femmes sont plus infectées que les hommes avec des chiffres allant du simple au double. En second il faut dire qu’il y a des inégalités au niveau régional. Par exemple au niveau du Lac-Tchad, de N’Djamena où la séroprévalence est plus élevée que la moyenne nationale. Il y a donc quatre provinces plus affectées par rapport au VIH. Il s’agit de N’Djamena, de la zone du Lac et aussi du Moyen-Chari et le Logone occidental. Ce qui fait qu’en regardant ces chiffres, on peut dire qu’au niveau du Tchad, il y a beaucoup à faire et surtout que les nouvelles infections se trouvent dans la jeunesse. Ce qui nous fait dire qu’il faut accélérer la prévention au niveau du Tchad pour que d’ici 2030, on peut se dire que la réponse va aller vers là où on ne peut pas voir le VIH comme un problème.


TI : Quelle est le taux de prévalence du VIH pédiatrique de la mère à l’enfant au niveau du Tchad ?


Bien que la réponse a été accélérée nous avons encore plus de 18% de nouveaux cas chez les enfants de mères nés séropositifs sont encore exposés au VIH. Et cela nous préoccupe beaucoup. Il faut dire qu’en termes de réponse nous avons 71% de personnes vivant avec le VIH au Tchad qui ont accès aux traitements. Chez les enfants nous avons 14%. Cela nous préoccupe surtout que nous savons que le gouvernement a mis en exergue l’attention de faire en sorte de diminuer le nombre de décès dû au VIH. La santé maternelle se trouve parmi les priorités nationales. Si on n’arrive pas à éliminer les nouveaux de VIH, on ne va pas y arriver à cet objectif de diminuer le nombre de nouveaux cas.


TI : Madame la Directrice pays, Représentante de l’Onusida Tchad le rapport VIH du Tchad publié est-il en réalité avec les efforts du gouvernement tchadien ?


Oui. Je dirais que tout ce qui est publié au Tchad ce n’est pas la publication de l’ONU sida. Je voudrais dire que ce sont des publications qui émanent des données du gouvernement du Tchad. Surtout qu’ils (résultats) viennent des différentes provinces, il est vrai que dans certaines circonstances les données de qualités nous manquent en ce moment mais avec les estimations que nous avons sont proches de la réalité qui sont faites en collaboration directe avec le gouvernement tchadien. La réponse est également sous le leadership du Tchad. Nous avons un plan stratégique actuellement qui couvre 2024-2028 où nous améliorons des données. Ce qui fait que chaque année nous publions des nouvelles données sur le VIH non seulement le nombre des nouveaux cas où la séroprévalence mais également sur le nombre de personnes sous traitement. Ces chiffres sont sous l’égide du gouvernement tchadien.


TI : Quelle est la vision de votre institution pour accompagner le gouvernement tchadien dans la lutte contre le VIH-SIDA ?

Dr Françoise Ndayishimié, Directrice pays; Représentante Onudsida Tchad Ph/Tropical info 2024


La vision de l’Onusida Tchad s’inspire de notre plan stratégique global couvrant 2021-2026 qui met en exergue la lutte contre les inégalités dans la réponse au VIH-SIDA. Mais met également l’implication des communautés. Qui dit l’implication des communautés dit également l’implication de la partie gouvernementale. Car sans la réponse locale l’Onusida à seul ne peut pas. Nous sommes là pour accompagner le gouvernement à travers le plan stratégique définit également par le gouvernement par des appuis techniques mais également des appuis pour la mobilisation des ressources et l’accompagnement technique pour voir les derniers cas du VIH. comment connaître les nouveaux cas qui ne sont pas encore connus. Parce que nous savons actuellement que plus de 24% de personnes vivant avec le VIH au Tchad ne connaissent pas leur statut sérologique. Et le même pourcentage pour ceux qui connaissent leur état sérologique n’ont pas accès aux traitements. Pire encore tous ceux qui sont sous traitement, il y a seulement 14% qui connaissent leur charge virale. Vous voyez que le gap est grand donc notre vision au niveau de l’Onusida c’est de travailler avec le gouvernement tchadien et également avec les organisations de la société civile pour voir comment faire en sorte que les personnes qui ne sont pas encore atteintes par l’information puissent vraiment l’être en visant l’élimination du VIH d’ici 2030. Par ce qu’on ne pourra pas y arriver si les gens ne connaissent pas leur état sérologique ça sera difficile d’éliminer les nouveaux cas. D’abord il faut connaître son statut sérologique ensuite se mettre sous traitement et se faire suivre par les médecins. Parce qu’il y a de gens qui prennent mal leur traitement. Cette partie de personnes qui sont séropositives ou séroignorantes qui ne prennent pas correctement leurs traitements et qui pourront être très dangereuses pour les nouveaux cas dans la société.
Donc nous travaillons avec la partie nationale pour faire en sorte que ces personnes puissent connaître leur statut sérologique et suivre leur traitement et pouvoir être suivi correctement. La stratégie que nous utilisons c’est également la stratégie de discuter avec la partie gouvernementale. L’autre partie sur laquelle je voulais insister, les enfants aujourd’hui n’ont pas accès aux traitements comme il le faut. C’est pour ça que nous travaillons avec le ministère de la santé publique pour voir comment accélérer la prise en charge pédiatrique, c’est là où le bât blesse. On va voir également comment éviter les nouvelles infections dans la jeunesse. Parce qu’on s’est rendu compte que plus de 24% des nouveaux cas se trouvent dans la jeunesse. Ce qui est inquiétant pour un pays ou la jeunesse représente plus de 62% de sa population.


TI : Quelles sont les avancées dans la lutte contre le VIH sur le plan mondial ?


Sur le plan mondial, je pourrais aujourd’hui dire que les personnes vivant avec le VIH nous avons en fin 2023 environ 40 millions de personnes vivant avec le VIH qui sont connues dont 53% sont de femmes. On a encore des nouveaux cas qu’on rencontre. Très peu de pays ont atteint déjà l’objectif 95,95 surtout dans les pays africains où l’on n’espérait pas que l’atteinte des objectifs 95,95 puisse nous amener vers l’élimination du VIH en tant que problème de santé publique d’ici 2030. Le fait que nous avons encore de nouveaux cas qui en voisinent aujourd’hui 1,3 million par an cela nous préoccupe encore plus et ensuite les inégalités en terme de réponse. C’est pour ça que dans notre vision nous essayons de diminuer les inégalités dans les réponses, que ça soit les inégalités géographiques, les inégalités également au niveau de sexe en terme de ceux qui sont plus dans le risque mais également les inégalités en terme je dirais d’âge. Parce que les enfants n’accèdent pas aujourd’hui correctement aux traitements. C’est pour dire que le VIH n’est pas encore derrière nous alors qu’il pourrait l’être si on continue à investir dans la lutte contre le sida et dans la prévention.


TI : Est-ce que vos communications pour la prise de conscience au niveau des communautés atteignent les cibles ?


Merci pour cette question. Nous communiquons mais pas assez. Quand je dis, nous ne communiquons pas assez, c’est surtout la partie nationale. Parce que l’Onusida est là dans l’accompagnement et nous espérons que les communautés qui constituent la grande partie de la partie nationale avec les engagements par exemple des leaders religieux et les leaders des communautés s’engager en utilisant la culture pour dire voilà il faut stopper cette maladie par telle ou telle autres orientations. Et l’Onusida sera là pour accompagner. Si on n’arrive pas à maintenir la communication, je ne pense pas que les nouveaux cas vont continuer à diminuer comme dans le passé. On ne voit pas les gens faire du VIH une priorité et on aimerait voir une fois ou protéger les nouvelles générations. On aimerait encore voir une fois de plus une nouvelle communication. Là, j’interpellerais les femmes et les hommes des médias pour qu’ils puissent nous aider dans la communication. Et nous sommes prêts à leur donner des genres de messages à donner au niveau de la communauté et le genre de message qu’il faudrait enseigner à notre nouvelle génération pour qu’on arrive à accélérer le pas. Parce que le Tchad par rapport aux pays que je suis passée est encore en train de piétiner et on espère qu’on pourrait accélérer et c’est possible.


TI : Quel est votre mot de la fin ?


Mon mot de la fin est un mot d’espoir et également un mot d’alerte. Le mot d’espoir parce que nous sommes très avancés en terme d’accessibilité et d’accès aux soins et un mot d’alerte parce que la réponse dans la plupart des pays semble ne plus attirer beaucoup d’attention surtout que les ressources sont en train de diminuer. Et cela a fait qu’on risque de perdre les acquis donc cette alerte est lancée pour dire qu’il ne faut pas penser qu’on ne voit pas encore de personne vivre avec le VIH avec des signes visibles que le VIH est derrière nous. Pourtant si on continue à investir, si les pays investissent également et directement avec des ressources domestiques, si les donateurs continuent à accélérer dans le financement du VIH, le rêve d’avoir le VIH derrière nous pourrait être une réalité.


Propos recueillis par KITA Ezéchiel

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