Tchad, l’inertie du ministère de transports freine tout effort du gouvernement
Au Tchad, alors que certains départements ministériels font des efforts remarquables pour relancer l’économie, le commerce, l’industrie et le développement social ces trois dernières années, celui des transports dirigé par Fatimé Goukouni Weddeye brille par son incapacité à initier et à piloter des projets pour faciliter le déplacement des biens et des personnes. Le Ministère est aussi dans l’incapacité d’entretenir et de préserver ces quelques infrastructures routières existantes.
Les routes urbaines et interurbaines construites à coûts des milliards de FCFA se dégradent sous le regard impuissant des citoyens et des transporteurs. Dans la capitale comme dans le reste des villes du pays, les voies bitumées sont dégradées, soit par des véhicules qui ne respectent pas les normes de chargement, soit par des substances chimiques comme l’huile de moteur, de gasoil ou des l’eau usés sans que ce département en charge de transport ne réagisse.
Le Tchad est le seul pays au monde qui ne dispose pas de services publics de transport urbain et interurbain. Le secteur des transports est monopolisé essentiellement par des individus et des sociétés informelles qui imposent leur volonté aux usagers et à l’Etat. N’importe qui peut acheter une voiture, un bus ou un camion et commencer à transporter des biens et des personnes à travers le pays sans être immatriculé au registre de commerce. Il peut même fixer le prix qui lui convient au mépris total du Ministère de transports qui est incapable de réglementer ces services de transport pourtant essentiel pour l’économie nationale.
La quasi-totalité des véhicules mis en circulation pour le transport urbain dans la capitale sont des engins usés et à la limite des engins hors service. Ces véhicules défectueux et polluants ne respectent aucune norme de sécurité routière. Il n’y a qu’au Tchad qu’on peut trouver un taxi sans phares, sans clignotants, sans rétroviseurs, sans climatisation et sans vitre. Et ce sont ces genres de taxi qui assurent la navette entre l’aéroport et la ville, réduisant à néant les efforts du gouvernement de promouvoir la destination vers Tchad et d’attirer des touristes.
Pire, les exploitants de ces engins de mort abusent des usagers et mettent leur sécurité en danger au vu du Ministère de transports qui est incapable d’éditer des normes à respecter. Ils peuvent escroquer, agresser et voler les usagers étrangers sans possibilité de les identifier et les tracer. Comme si ces pires situations ne suffisent pas, le transport urbain est plein de chauffards qui conduisent à l’état d’ébriété et causent des accidents et des embouteillages incontrôlables. Et comme toujours, c’est quand les conséquences sont là et fâcheuses que la fameuse ministre des transports se présente pour faire son show devant les caméras et repartir tranquillement.
Si les autres ministères sont en mouvement et essayent des choses dans la limite de leur possibilité, celui de transports, depuis l’arrivée de la Ministre Fatimé Goukouni Weddeye, n’a ni initié et ni mis en œuvre de projet de modernisation des transports et de sûreté routière ces trois dernières années. Il a plutôt enterré des projets de création des sociétés publiques de transports, des projets de création de parkings routiers et des projets de reboisement des bordures routières… Une inertie totale comme si ce ministère n’existait pas. Ce département stratégique qui peut contribuer à relancer l’économie et assurer le développement social se résume à la bureaucratie des copains.
Les camions de transport de marchandises sont toujours surchargés et en mauvais état. Le Ministère des transports est le seul département où aucune proposition, aucune initiative ministérielle, aucun projet de loi défendu devant le conseil de ministres pour répondre aux recommandations et aux résolutions du dialogue national inclusif faites sur les politiques sectorielles. En trois ans, tout ce que la ministre des transports a réussi à faire, ce sont les nominations et un code routier inadapté que le Ministère de la sécurité publique a dû surseoir à l’application de certaines dispositions. Et c’est à cette ministre qu’on vient de lui rajouter l’aviation civile. Allah yastour. Heureusement que le Tchad n’a plus de compagnie aérienne sinon les crashs seront trop violents.
Le Ministère des transports est en partie responsable de la cherté de vie et de l’insécurité alimentaire dans le pays. La chef de ce département est incapable de mettre sur pied des mécanismes pour réglementer les prix de transports comme l’ont fait ses prédécesseurs. Laissant ainsi les camionneurs libres de fixer des tarifs exorbitants pour le transport des denrées alimentaires. Une situation qui est répercutée sur le prix des denrées comme les céréales, l’arachide, l’oignon et bien d’autres qui sont pourtant produits localement. Le prix des transports est l’un des facteurs directs qui causent la cherté de la vie et de l’insécurité alimentaire. Les transporteurs sont aussi victimes des mauvais états des routes qui ne sont pas entretenues alors qu’ils paient régulièrement leurs taxes auprès du Ministère. Pour récupérer leurs dépenses, ils sont obligés de surfacturer les transports des biens et des personnes.
Le gouvernement doit réfléchir à un mécanisme de suivi et d’évaluation des ministres pour écarter rapidement des chefs de département qui font perdre du temps et de l’argent inutilement à l’Etat.