Abakar Hakimi Terefi écrit une lettre Ouverte au Général Mahamat Idriss Deby
Objet : mise en garde sur les conséquences d’une dictature dynastique pour un pays fragile comme le Tchad.
Monsieur le Président, avec tous les respects que je vous dois, permettez moi de vous écrire ces quelques lignes pour exprimer mon opposition face à la manière dont vous conduisez le Tchad, notre patrimoine commun.
Je ne vous écris pas cette lettre parce que nous partageons les mêmes visions. Comme vous le savez aussi bien, dans ce pays, ce ne sont pas les visions qui comptent, mais plutôt votre capacité à applaudir. Je ne vous écris pas cette lettre pour vous prodiguer des conseils, vous avez déjà des milliers des Conseillers dont vous ne maîtrisez même pas les noms de certains, pour ne dire des Conseiller fictifs. Je vous écris cette lettre pour dire la vérité et de ce que le pays adviendra si jamais vous persistez dans votre entreprise à vouloir confisquer le pouvoir par tous les moyens possibles.
Monsieur le Président, avant d’aller dans le vive de mes vérités, je voudrais d’abord vous rappeller les conditions dans lesquelles votre défunt père a réussi à s’imposer et de s’éterniser au pouvoir jusqu’à devenir Maréchal. En effet, en 1990 lors de l’arrivée du MPS, c’était encore le 20ème siècle et, les Tchadiens voire les Africains ne connaissaient pas ce que c’est la démocratie. A l’époque, les moyens de communication étaient inexistants, nos parents ne savaient pas ce qui se passe à travers le monde. Aujourd’hui, tout est changé, le monde est entré dans une nouvelle ère. Les révolutions ont renversé des tyrans sanguinaires. Chacun fait des concessions, ceux qui refusent, tombent brusquement et brutalement, même le Maréchal a été bousculé, un fait réel. Les grandes puissances se livrent des guerres par intermédiaire des États pauvres. Et vous, vous avez pris le pouvoir au moment où le monde évolue et s’interconnect. Au moment où, les peuples n’acceptent plus de vivre sous des régimes dictatoriaux. C’est pourquoi je vous écris cette lettre pour vous prévenir. Car, en 2023, c’est impossible de gèrer un pays comme en 1990.
Monsieur le Président, depuis votre prise de pouvoir, vous n’avez rien fait qui puisse appaiser les cœurs des pauvres citoyens. Les tueries se sont multipliées, la famine nage dans nos foyers, le chômage augmente au fur et à mesure, la pauvreté s’éternise… Dès votre arrivée, vos proches ont dilapidé la caisse de l’État. Ceux qui étaient pauvres, sont devenus riches en un laps de temps. Nawak n’est-ce pas ? Pour empêcher le peuple de réagir, vous avez imposé la pauvreté comme mode de vie.
Monsieur le Président, ce que je veux vous dire par là, dans tous ces manœuvres, il y’a le signe de votre chute. Le Tchad est à sa croisée de chemin. Notre pays est entouré par des foyers de tentions. Le Soudan voisin brûle à cause d’un pouvoir clanique. La RCA est en eblution. Le Niger a un régime hostile à votre vision d’un esprit colonisé. A cause de votre politique basée sur l’exclusion, les Tchadiens sont divisés jusqu’à dans leurs foyers. Pour la première fois, tout le monde est prêt à prendre les armes pour vous combattre.
Monsieur le Président, si vous croyez qu’en achetant quelques opposants, des activistes sans base solide et des comédiens, en imposant la pauvreté comme une arme de domination, en tuant l’éducation, en distribuant des grades et en faisant appel aux mercenaires Hongrois tout ira bien pour vous, alors là, vous vous trompez fort. Tous ceux qui vous entourent et qui vous incitent à s’éterniser au pouvoir, ne font que pour leurs intérêts, personne ne vous accompagnera en prison où en exile. Vous devez tirer l’exemple sur le cas de votre défunt père.
Au lieu de gaspiller les maigres ressources pour organiser des élections dont on connaît les tenants et aboutissants, au lieu de renforcer l’armée dans le seul but de rester au pouvoir, je vous conseille de voir les choses dans les bons côtés en respectant la voix du peuple pour sortir par la grande porte.
Monsieur le Président, croyez moi, dans une République multiethniques, la succession dynastique ne réussira jamais. Dans le cas échéant, à moins que, vous vous comportez comme le dirigeant nord-coréen Kim Jong-eun, malheureusement pour vous, la Corée du Nord n’est pas multiethniques, prenez plutôt l’exemple du Syrie. Cette jeunesse hyper cultivée et qui suit de prêt les situations dans d’autres pays, n’accepetra plus d’être gouvernée par un autre Itno. Soyez en rassurer. Cette jeunesse est prête à tout pour se débarrasser de la peste. Vous pouvez tant diviser, ils finiront par s’unir pour vous combattre. Même de façon disparate ou clanique, les Tchadiens se révolteront un jour, le moment n’est pas arrivé. Si d’autres réclament la fédération, c’est le signe de division de notre pays causé par votre mode de gouvernance. Un jour viendra, ils révendiqueront ouvertement la division. Prenez l’exemple du Sud Soudan.
Monsieur le Président,
Tout ce qui reste à faire pour nous éviter le chaos, c’est le bon sens, la volonté et l’engagement pour faire de ce pays une vraie Nation. Comme on aime le dire, la balle est entre les mains de celui qui a les armes pour éviter que les autres décident à leurs tour de se comporter comme lui, il doit accepter de jouer le bon jeu.
Cordialement
Abakar Hakimi Terefi
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