Éducation : Moussa Kadam veut-il vendre l’école tchadienne ?
Depuis des lurette l’école tchadienne souffre d’une infection aiguë. Pour bander ces infections plusieurs batteries de solutions ont été proposées par les techniciens. Mais rien n’a changé. A la veille de la rentrée scolaire 2023-2024, Moussa Kadam appelé pour redresser l’école tchadienne prend une décision d’augmenter le taux d’inscription dans les écoles publiques. Une décision qui risquerait de paralyser le démarrage des activités d’enseignement et d’apprentissage sur l’ensemble du territoire national.
La rentrée scolaire 2023-2024 vers une probable perturbation. Tant de difficultés se dressent notamment la flambée du taux d’inscription et la baisse du budget alloué au système éducatif. Vouloir tout résoudre dans une seule équation, Moussa Kadam tombe dans les pièges. Déjà très souffrant le système éducatif tchadien n’a pas besoin de l’argent pour se soigner mais plutôt des hommes qu’il faut à la place qu’il faut.
Quelle mouche aurait piqué les membres de la commission nationale des affectations et mutations (CONAM) de la 22e session à proposer 4000 FCFA comme frais d’inscription au primaire, 12 000 FCFA pour les lycées-collèges d’enseignement général et 25000 FCFA pour les lycées techniques ? Cette proposition d’augmentation est l’une des résolutions retenues lors de la 22e édition 2023 du CONAM pour permettre la réparation des tables-bancs et la réfection des bâtiments. Or dans la loi des finances de l’année 2023, le Tchad a augmenté de 245% le budget alloué à la Défense et a diminué de 20% le budget alloué à l’éducation.
Du jour au lendemain, la régression des établissements scolaires publics va grandissante. Dans toutes les provinces du pays, le constat est visible. Les enfants des pauvres paysans n’auront plus l’accès à l’éducation même si les parents fournissent des efforts impeccables, ces derniers ne trouveraient pas un bon encadrement puisse que la majorité des enseignants intégrés n’ont pas le profil de l’enseignement. Un des maux qui doit retenir l’attention du staff de Kadam au lieu de penser à augmenter les frais d’inscription.
Le ministre de l’éducation nationale et de la promotion civique Moussa Kadam, lors d’une déclaration au palais de la démocratie a souligné que sur les 5 000 nouvelles recrues, 3 000 d’entre elles n’ont aucun profil adéquat pour devenir enseignants. « Vous prenez les 5 000 jeunes qui viennent d’être intégrés. Nous avons pratiquement vu 3 000 intégrations dans l’enseignement, que je qualifierais d’enseignants entre guillemets. Je ne parlerais pas de boulangers, mais près de 54% des personnes intégrées ne possèdent pas les compétences adéquates pour l’enseignement », a-t-il regretté.
Partout dans les marchés publics, le constat est amer. On peut citer entre autre l’inflation du prix des aliments de première nécessité, le flambé du prix des fournitures scolaires, des matériaux de constructions, le transport interurbain qui, depuis l’arrivée de la fameuse maladie à coronavirus encore appelé covid-19, reste standard. En dehors de ces difficultés vient s’ajouter le manque d’emploi. Et avec cette probable augmentation du frais de la scolarité, les parents vont prendre certainement le coup. Alors que le Tchad est connu depuis 2003, pays d’exploitation de l’or noir. Alors, avec cette allure, comment la population va-t-elle s’en sortir ? Adieu l’école tchadienne.
DJITEBAYE MAYANGAR Judicaël