Opinion : l’ex-opposant Mahamat Ahmat Lazina plaide pour son grand Chari-Baguirmi
A travers son compte Facebook, l’ex-opposant, Mahamat Ahmat Lazina contraint en exile après son départ du gouvernement de transition de Saleh Kebzabo ne cesse de décrier les actions du gouvernement. Lire l’intégralité en français.
« Visite du chef de la junte et la guerre déclarée par ce système à bout de souffle contre le grand Chari-Baguirmi ».
Le Grand Chari-Baguirmi composé de (Hadjer-Lamis, Chari-Baguirmi et la banlieue de N’Djamena) est jeté aux oubliettes par Deby Père et aujourd’hui par son Fils à la tête de la junte. Victime d’une injustice criarde sur tous les plans, plongé dans une misère impossible à imaginer, pour ne pas dire un esclavage moderne installé par ce système contre la volonté des populations du Grand Chari-Baguirmi.
C’est grâce aux enfants du Grand Chari-Baguirmi, membres fondateurs, militants des premières heures du Frolinat, en l’occurrence Mahamat Abba Seid, qui était le Chef de la première armée et vice Président du Frolinat avec le défunt Gombo Ahmat alias “ Excuse “ et d’autres ont combattu avec bravoure, armes à la main et leurs sacrifices consentis ont permis aux différents régimes après le Président Tombalbaye d’accéder au pouvoir. Aujourd’hui on refuse même le grade de général aux enfants de cette grande province qui a accueilli tout le monde à bras ouverts.
Depuis l’arrivée du MPS, c’est en monnaie de singe que ce système est en train de les remercier car comparativement aux autres provinces, nous avons constaté une mise à l’écart inexplicable de la population, même après le décès du Maréchal et la suite par son fils. Si à Hadjer-Lamis, les écoles sont construites en hangar et les enfants sont assis à même le sol, dans le Chari-Baguirmi, elles n’existent presque pas. Il faut compter au-delà des centaines de villages pour voir un lycée. Les centres de santé sont quasiment inexistants, l’eau potable est une denrée rare, l’accaparement des terres de la population par les dignitaires du Système contre leur gré est une monnaie courante. Bref, nous sommes assis sur une bombe à retardement.
Cette méchanceté, injustice, misère sont purement gratuites et entretenues contre le Grand Chari-Baguirmi depuis la période de la vache grasse jusqu’aujourd’hui pour son exclusion. Cette province du Grand Chari-Baguirmi est laissée sans aucune route praticable, sans soin de santé primaire, avec un avenir incertain et devenu laissé pour compte du Système à la dérive.
L’axe N’Djamena-Dourbali-Massenya que Deby père lui même a posé sa pierre il y a 14 ans n’a jamais été réalisé. Le bitumage de la voirie urbaine de Dourbali est resté une promesse de campagne non tenue du défunt Père. À Bousso, le système refuse catégoriquement de construire un pont de quelques mètres pour la population de traverser et faire couler leurs marchandises aux villages de l’autre côté alors que les pipelines passent par ces mêmes villages affamés par le régime.
L’axe Massaguet-N’Djamena (principale sortie et entrée du Nord, Est Ouest) est une suite des éléphants blancs qu’on nous a promis. En saison des pluies, toutes les sous-préfectures et départements sont inaccessibles. En plus, le pouvoir se réjouit de la misère de cette localité du Tchad comme pour narguer les populations. Malgré le fait que le Grand Chari-Baguirmi contribue à hauteur de 40% à l’économie du Tchad, il est toujours à la traîne. Il n’a jamais bénéficié de ces retombées économiques. Il est ignoré.
Où sont les 5% des revenus pétroliers alloués ? Celà ne s’en ressent même pas sur la vie des populations du Grand Chari-Baguirmi depuis l’exploitation de l’or noir. D’où la question, « À qui profitent ces 5% des revenus pétroliers dont on parle »? Ces populations en entendent parler seulement.
Une grande mobilisation des organisations et collectifs des jeunes du Grand Chari-Baguirmi qui réclament ce dernier temps une gestion transparente et les retombées des 5% mais le système qui est complice fait la sourde oreille et se réjouit toujours de la misère de la population ignorant totalement les cris des jeunes.
Pour le chef de la Junte, la jeunesse du Chari-Baguirmi n’est pas si brave et capable d’affronter sa milice comme celle du Tibesti, il se trompe largement.
L’histoire parle d’elle même et elle en parlera encore « in Sha Allah« . Il est temps aussi que ces jeunes prennent leurs responsabilités en main, créent leur propre comité d’auto-défense comme celui des jeunes de la province de Tibesti et exigent le versement direct des revenus à nos provinces.
Et si nous nous ne retrouvons pas dans ce système d’injustice, d’exclusion et d’humiliation, saisissons l’ONU pour une autonomie de gestion complète de nos provinces. Car nous en avons assez de cette misère imposée par ce système à notre population qui aspire toujours à la liberté, la démocratie et l’égalité citoyenne.
Je vous remercie d’avoir réservé un accueil glacial au Chef de la Junte, de n’avoir pas été sortis massivement. C’est une décision courageuse et historique, une prise de conscience que la racine de vos problèmes, c’est le système et que vous êtes en froid avec la Junte.
Mahamat Ahmat Lazina