Portrait: de combattant à bâtisseur : la métamorphose de Moumine Djimet Dikerou (1965-2024)
Né le 27 septembre 1965 à Mongo, dans la province du Guéra au Tchad, Moumine Djimet Dikerou incarne l’histoire mouvementée de son pays. Son parcours, jalonné de dates charnières, témoigne d’une capacitéd’adaptation hors du commun et d’un engagement constant pour le développement de sa région.
1983 marque le début de sa carrière militaire. À 18 ans, Dikerou intègre les Forces Armées Nationales Tchadiennes (FANT) après avoir suivi une formation au Zaïre à KOTA KOLI. De 1983 à 1984, il devient élément du 1er Bataillon commando. De 1984 à 1989, il est déployé au nord du Tchad, participant aux conflits qui déchirent alors le pays, notamment à AOUZOU, MATEN, AL SAHARA, WADI DOM, etc. Sa formation en transmissions à l’École Nationale des Transmissions Militaires en 1989-1990, puis à l’école des Transmissions Militaires à Saint-CYR en France de 1991 à 1992, d’où il sort avec un Brevet de Technicien Supérieur Transmission option graphie (BTS/Trans), lui ouvre de nouvelles perspectives.
Le 21 novembre 1990 est une date cruciale : lors d’affrontements violents, Dikerou fait le choix de rallier le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), tournant le dos à son passé militaire. Cette décision marque le début d’une nouvelle ère pour lui.
Dès 1993, Dikerou entame sa reconversion. Il se forme auprès des prêtres catholiques de Mongo, puis en Italie. 1995 voit ses premiers pas dans l’humanitaire comme superviseur de projet pour l’ONG ACRA dans la région du Guéra. C’est le début d’une longue carrière dans le développement.
Entre 2000 et 2003, il franchit une nouvelle étape en suivant une formation de technicien supérieur en environnement à Rouen, en France. Ce bagage lui permet, de 2007 à 2020, de coordonner de nombreux projets touchant à la sécurité alimentaire, à l’environnement et à la lutte contre les violences basées sur le genre dans plusieurs provinces du Tchad.
Parallèlement, Dikerou s’engage en politique. En 1991, il devient militant du MPS. Son ascension est rapide : en 2012, il est élu conseiller municipal de Mongo, puis devient maire adjoint en 2016, et finalement maire en 2018. Cependant, la même année, il prend ses distances avec la politique pour se consacrer pleinement à l’action humanitaire.
2021 marque son retour sur la scène politique. Il réintègre le MPS et devient coordonnateur provincial du bureau de soutien « Les Patriotes du Salut » dans le Guéra, une fonction qu’il occupe encore en 2024.
Tout au long de ce parcours, Dikerou n’a cessé d’enrichir son expérience par des voyages d’échange, notamment en 2006 au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal, puis en 2007 en Italie, et régulièrement en France entre 2008 et 2012.
À 58 ans, marié et père de 14 enfants, Moumine Djimet Dikerou incarne la résilience et l’évolution du Tchad. Son parcours, de 1983 à 2024, illustre la transformation d’un combattant en bâtisseur, reflétant les défis et les espoirs d’un pays en quête de stabilité et de développement.
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