Lettre ouverte d’un tchadien au président de la Républicain
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, VOUS NE POUVEZ PAS NOUS FAIRE CROIRE QUE VOUS ÊTES FIER D’ÊTRE CET AVEUGLE QUI IGNORE TOUTE RÉALITÉ AUTOUR DE LUI
Lettre Ouverte à Monsieur MAHAMAT IDRISS DEBY ITNO, Président de la République, Chef de l’État
Monsieur le Président,
Permettez-moi de commencer cette lettre sans vous féliciter pour votre victoire à l’élection présidentielle car cela sonnerait comme du sarcasme. En tant que citoyen soucieux de l’avenir du Tchad, je m’inquiète profondément du sort de notre peuple à la fin de votre quinquennat.
Aujourd’hui, le peuple tchadien meurt littéralement de faim. Partout dans ce pays, le dénominateur commun actuel est une faim extrême. Ce qui m’inquiète le plus, c’est que vous semblez ignorer cette réalité. Vous, qui n’avez jamais connu la pauvreté, êtes très loin d’imaginer ce que traverse le Tchadien lambda. Votre père est devenu président alors que vous n’aviez que cinq ans, et vous êtes devenu président par la suite. Vous n’avez connu que l’opulence, entouré de gens qui, depuis des décennies, ont oublié ce que c’est que d’être pauvre.
Vos proches ne vous disent pas la vérité. Ils publient sur les réseaux sociaux des éloges à votre égard et menacent ceux qui osent critiquer. Ils devraient être vos yeux et vos oreilles, mais sont en réalité des épines qui vous crèvent les yeux, faisant de vous l’aveugle numéro un du Tchad et vous éloignant de la réalité. Ici, à N’Djamena, la capitale, peu de gens parviennent à manger ne serait-ce qu’une fois par jour. Des milliers de jeunes, d’enfants et de vieillards luttent quotidiennement pour trouver de quoi se nourrir, souvent sans succès. Pendant ce temps, vous et votre entourage êtes à l’abri de tout. La situation est encore pire dans les provinces où la précarité et la famine sont exacerbées par l’éloignement des centres de pouvoir et de distribution des ressources.
Si vous connaissiez vraiment la réalité, vous auriez eu honte et auriez tenu votre promesse initiale de ne pas vous présenter à l’élection présidentielle. Votre gestion de la transition a été la pire catastrophe humanitaire que le Tchad ait connue. Vous avez plongé le pays dans un gouffre où le peuple a perdu tout espoir. Aujourd’hui, des milliers de familles dans les 7e et 9e arrondissements de N’Djamena survivent en consommant du son de mil, la seule nourriture qu’elles peuvent se permettre avec les moyens qu’elles ont.
Monsieur le Président, vous ne pouvez pas nous faire croire que vous êtes fier d’être cet aveugle qui ignore toute réalité autour de lui. Je vous propose de vous entourer de personnes qui n’ont pas encore mangé à leur faim, de ceux qui connaissent la réalité du pays. Je ne parle pas de ceux que la faim a obligés à chanter vos louanges pour obtenir les miettes qui tombent de votre table. Écoutez ceux qui osent dire la vérité malgré les menaces. Ils peuvent vous aider à ouvrir les yeux et à prendre les meilleures décisions pour ce peuple. Je ne parle pas de postes ministériels ou même existants, créez une cellule spéciale informative constituée de ceux-là.
Pendant la transition, vous avez pris des décisions et fait des investissements inutiles qui n’ont eu aucun impact sur la vie de la population. La distribution de céréales par l’ONASA, par exemple, a seulement profité aux commerçants. L’initiative des 50 000 emplois n’a même pas permis de créer dix emplois sur tout le territoire. Réfléchissez et entourez-vous des bonnes personnes avant de prendre des décisions ou de faire des investissements pour aider ce peuple.
Faites appel à des personnes plus conscientes et éveillées si vous tenez réellement à ce peuple que vous allez diriger pendant cinq ans. Chaque fois que je vois votre escorte de plus de dix véhicules V8, chacun coûtant plus de 100 millions de francs, je pleure en pensant à ces familles qui ne peuvent même pas se nourrir une fois par jour. Vous êtes là, et le peuple doit faire avec vous. Permettez-lui au moins de pouvoir manger.
Je vous remercie de votre attention et j’espère sincèrement que vous prendrez des mesures pour améliorer la situation de notre peuple.
Respectueusement,
Djegolbe Reoukaoude
Citoyen soucieux de l’avenir du Tchad